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La danse, un truc de filles ?

« La danse, c’est un truc de filles ! ». Nous avons tous probablement déjà entendu cette affirmation un peu radicale. Mais d’où vient ce cliché ? Et est-ce qu’il a toujours été répandu à travers les époques ?

A la base, la danse est une affaire d’hommes

On prête dès l’Antiquité des vertus à la danse… mais uniquement pratiquée par les hommes et comme une forme d’art guerrier. En Grèce, Platon et ses amis misogynes estiment que ces danses (appelées « danses pyrrhiques ») forment à la fois le corps et l’esprit et participent au maintien de l’ordre moral dans la Cité.Cette « bonne » danse s’oppose à la « mauvaise » danse populaire, immorale et attribuée à la gent féminine.

Cette idée de la danse vertueuse reprend de l’ampleur en France sous l’influence de Louis XIV. Seuls les hommes pratiquent alors la danse de spectacle, y compris pour représenter les personnages féminins (la profession se féminisera progressivement). Sa pratique est une preuve de la « civilité » et de la maitrise de soi des danseurs.

La danse était par ailleurs le seul art que les courtisans se devaient de maitriser. Elle correspondait en tout point au modèle de masculinité prôné à l’époque : délicatesse, raffinement, culture… Aristocratique, quoi.

La bourgeoisie rejette l’idée de la danse pour les hommes

Grosse fracture au XIXe siècle : avec l’établissement de la bourgeoisie comme classe dominante, on rejette progressivement tous les apanages de l’aristocratie, et notamment son modèle de masculinité. L’homme bourgeois est sobre, sérieux, austère : adieu perruques, maquillage et talons hauts.

Par ailleurs, les rapports sociaux entre les sexes évoluent : on considère les femmes comme une espèce tout à fait à part et, je vous le donne en mille, inférieure aux hommes. Ce qu’on identifie désormais comme « féminin » (grâce, légèreté et fragilité) est à la fois élevé en modèle absolu de féminité pour les femmes (et recherché dans la danse), et sévèrement interdit et réprimé pour les hommes.

A l’époque moderne, les femmes se réapproprient la danse

La danse se féminise donc et est en même temps dévalorisée, puisqu’étant « une activité féminine » : plus personne ne la considère comme un art digne de ce nom. Elle s’empare des théâtres et des lieux populaires.

Un mal pour un bien, car ça donne l’opportunité aux danseuses professionnelles de devenir maitresses de ballet, chorégraphes, de négocier elles-mêmes leurs contrats… Bref, de prendre le pouvoir sur leurs carrières. Et de révolutionner le monde de la danse avec l’émergence de la danse moderne : en solo, pieds nus, dans la recherche d’un corps libre, expressif, ancré… Loïe Fuller et Isadora Duncan en sont les pionnières.

La danse contemporaine redevient mixte (et ainsi, de nouveau plutôt dominée par les hommes) après la Seconde guerre mondiale.

Alors, la danse, vraiment un truc de filles ? On voit, en regardant l’histoire de la danse, qu’elle a eu de multiples utilités sociales et culturelles. Et qu’il ne s’agit finalement que d’une histoire de point de vue… et de misogynie…


Viviane est professeur de méditation dansée au sein de l’école. Retrouvez-la sur son compte Instagram : @danse.avec.le.feu.


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