A l’origine de la salsa, le son

A Cuba : l’émergence du son

Comme le blues, le son et la rumba sont imprégnés de la culture africaine. Ils s’enracinent dans une même histoire, celle d’un peuple esclave voué au travail forcé dans les plantations et les raffineries. Ils sont tous les trois le résultat d’une expression d’inspiration africaine. Ils traduisent l’expression d’un peuple qui revendique son identité en Amérique. Ils sont des précurseurs : le blues du jazz et le son et la rumba de la salsa. Tous trois accordent un rôle primordial à l’improvisation qui leur vient de leur mère africaine. Le blues, la rumba et le son sont issus aussi d’une tradition de troubadours et de spectacles ambulants comme on l’a vu auparavant avec les minstrels et le Teatro Bufo.

Le son

Le son est issu de la musique folklorique de Cuba. Il est par excellence l’expression de l’identité cubaine. Il comporte chant, musique et danse et s’inspire notamment des rythmes sacrés des Orishas. Les danses qui l’accompagnent sont de source africaine. Il apparaît dès le début du XIXe siècle dans la région de la Sierra Maestra, ancien repère d’esclaves fugitifs. Cette montagne abritait aussi de nombreux agriculteurs espagnols.

Le son est donc un genre musical cubain avec une forte empreinte rythmique africaine. L’accent y est aussi mis sur les improvisations. Un chœur lance un refrain et le soliste lui répond en improvisant. Les claves (deux morceaux de bois creux d’origine indienne) marquent un rythme rapide et syncopé du genre un-deux-trois, un-deux ou inversement. Ce rythme clé de la salsa s’appelle la clave. Au niveau de la danse, le pas de base est surtout le pas chassé. Il y a aussi des suspensions et des tours. Les mêmes figures sont perpétuellement déclinées. Le son se danse à deux. L’homme dirige la femme. La salsa a hérité du son tant dans sa danse que dans sa musique. Les danseurs peuvent ne pas suivre la clave mais ce rythme reste toujours ancré en eux. Cette particularité se retrouve dans la danse salsa et aussi dans la danse jazz. Le danseur jazz est libre de ne pas toujours suivre la musique mais elle est en lui et à tout moment et il peut revenir dessus.

Les premières formations de son étaient constituées de deux, voire trois personnes. Les instruments étaient de fabrication locale. C’étaient souvent des instruments de fortune. Il y avait surtout des instruments de percussion (bongos, congas, guïros, clave) et une guitare à trois cordes. Le son est devenu rapidement populaire dans tout le pays. Plus tard, au XXe siècle, les formations s’étoffèrent (le Cuarteto Oriental, le Sexteto Habanero). En 1927, avec l’influence du jazz, la trompette est apparue dans les orchestres. Les harmonies de la voix se sont développées. Les rythmes du son se sont mélangés avec ceux de la rumba et du boléro. Actuellement le son reste un ingrédient fondamental de la salsa et du rapp cubain.

Le son n’est pas exclusivement cubain : il est aussi présent sous des noms différents dans tous l’espace caraïbe, à Portorico, en République dominicaine et en Haïti.

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