Je ne sais pas danser

« Je ne sais pas danser », voilà ce que j’entends souvent quand je parles à mes amis de ma passion.  Je ne sais pas danser ? Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire. Tout le monde sait agiter ses bras et ses jambes, ouvrir ses oreilles et écouter de la musique, il me semble?

Et pourquoi est-ce que moi, je saurais danser ? Parce que je sais enchaîner une pirouette et trois pas chassés sans tomber ? Est-ce vraiment cela, la danse ? Des mouvements répétés, codifiés, des exercices, des diagonales et ronds de jambe à n’en plus finir ?

C’est bien-sûr ce que le professeur de danse vous apprendra dans un cours de danse, mais, au risque de vous décevoir, il ne vous apprendra pas à danser. Et là au fond de vous, vous continuerez à penser: je ne sais pas danser. Pourtant vous savez déjà danser, il ne vous donnera que des outils.

Danser n’est pas une question de grâce ou de rythme. Danser est une question de liberté : liberté de s’exprimer, liberté de s’assumer, liberté de laisser le corps prendre le contrôle sur la tête, de se laisser entraîner, liberté de lâcher prise. Voilà peut être pourquoi vous ne « savez pas » danser. Vous savez bouger vos bras et vos jambes, vous savez écouter de la musique. En revanche, ce qui vous manque,  c’est cette liberté. Difficile d’y croire, n’est-ce pas ? Tout ne dépend que de vous. Vous savez danser mais vous avez enfoui cette aptitude tellement loin, que vous ne pensez même plus l’avoir.                                                                              

Tous les enfants dansent, ils s’agitent, ils remuent, se tortillent et se roulent par terre dès que les premières notes retentissent. Ils suivent leur envie première, leur instinct peut-être. 

Ca semble si facile et vous, vous n’y arrivez pas ? Ressaisissez-vous enfin ! Il doit bien rester quelques vestiges de ce talent, là, quelque part au fond. N’êtes vous jamais allés à un cours de danse? Tenez, voici un petit exercice pour vous aider.

Etape 1 : (ré)apprendre à danser

Un jour où vous êtes seul dans votre chambre, avec personne pour vous interrompre ou vous déranger, lancez votre plateforme de musique sur votre téléphone et posez-le pas trop loin de vous. Attention, le choix de la musique est déterminant ! Laissez les morceaux mollassons que vous écoutez pour passer le temps dans le bus du matin. La musique idéale doit vous toucher. Qu’elle vous rende triste, heureux, qu’elle réveille votre colère ou bien vos doutes, c’est celle-là qu’on cherche.

Mettez-vous là où vous avez le plus d’espace et fermez les yeux. Personne n’est là pour vous regarder, vous juger ou se moquer, vous êtes entièrement seul et vous pouvez faire absolument ce que vous voulez.

Aux premières notes, commencez par prendre une grande inspiration, pensez à ce que la musique vous évoque en essayant d’oublier le reste. Essayez d’imaginer ce qui vous met en colère, ou ce que ce morceau vous rappelle. Prenez le temps, ne vous pressez pas, vous avez tout votre temps. Et si il faut écouter la musique plusieurs fois pour réussir à s’immerger totalement dans son ressenti, nous écouterons la musique plusieurs fois ! N’ayez pas peur, il n’y a que vous ici.

Au moment ou vous vous sentez prêt, vous pouvez commencer à bouger. Allons-y doucement, peut-être commencer par marquer la mesure avec le pied ou secouer le bout des doigts ? Il est important de prendre votre temps. Essayez de garder les yeux fermés, cela vous aidera à rester focalysé sur votre émotion. Ne pensez pas à vos mouvements, à votre corps, laissez-le agir de lui-même. Vous, vous ressentez et lui, il agit. 

Si vous vous sentez bien, laissez-le mettre un peu plus d’amplitude à votre mouvement. Ne réflechissez pas trop, si vous avez envie de mettre un coup de poing, allez-y. Si vous préferez passer vos mains sur votre visage délicatement, allez-y aussi !

Je pense que je vais vous laisser ici, trop de directives ne riment pas vraiment avec liberté. Continuez à prendre votre temps, faîtes ce qui vous semble bien, qui vous fait vous sentir mieux.

On se retrouve à la fin.

Spoiler alert, vous voyez que vous savez danser.

Etape 2 : Un cours de danse pour s’assumer

Il me semble que vous avez survécu à la première étape, peut-être avez-vous même apprécié,ou encore mieux, peut-être, avec un peu de recul, vous sentez vous soulagé, libéré d’un poids ?

Si c’est le cas, peut-être aurez vous envie de vous lancer dans une danse plus poussée, et d’être accompagné d’un ou une professeur. Qu’est-ce qui vous retiens de foncer dans un cours de danse ? Laissez-moi deviner, les gens, ou plutôt les élèves. Vous avez peur du regard, du jugement ? De ne pas faire assez bien ?

Voyez, ici encore, le problème ne se situe pas dans la danse, il est bien plus profond. Vous ne me ferez pas croire que c’est la première fois que vous connaissez ces sentiments. Danser, c’est se libérer, mais cette libération, bien que soulagement, peut parfois être difficile car elle passe tout d’abord par l’acceptation. Durant le précédent exercice, il est possible que vous ayez ressenti une sensation désagréable au fond du ventre ou dans la poitrine. Evidemment, accepter et assumer ses sentiments n’a jamais été facile. C’est inhabituel, on a tellement l’habitude de les enfermer alors les laisser prendre le dessus, quelle blague ! Mais pourtant, c’est un processus nécessaire pour cette fameuse “libération”. Les cours de danse thérapie
vous permettront peut être d’explorer, de vous libérer et d’exprimer vos sentiments par des mouvements corporels.

Dîtes-vous tout d’abord que dans un cours de danse, tous les élèves sont comme vous, ils n’ont pas de technique et ne sont probablement pas habitué à danser devant d’autres personnes. Tant mieux, ils seront probablement trop concentré sur le regard que vous pourriez porter sur eux pour s’intéresser à vos sublimes pas de bourré. En général, dans les premiers cours, le professeur vous laisse en paix. Il vous suffit de suivre ses mouvements, d’apprivoiser votre corps et de vous laisser porter par la musique. N’ayez pas peur de vous rater ou de vous emmêler les pinceaux, on commence tous par là et vous n’en serez que plus content lorsque vous arriverez finalement à tenir en équilibre.

C’est au moment de ce que l’on appelle en général “improvisation collective” que les choses se corsent. 

Il est enfin arrivé, c’est votre moment. C’est l’heure d’annoncer au monde le chemin que vous avez accompli depuis la séance de danse dans votre chambre. C’est l’heure de partager aux autres que vous avez des émotions, et que vous avez le droit de les exprimer, et finalement, que vous avez le droit de bouger ce corps qui n’appartient qu’à vous. Et si quelqu’un a ne serait-ce que l’audace de vous dire le contraire ou de vous juger, qu’il aille au diable ! Vous, vous vous sentez bien, et c’est tout ce qui compte.

Quand les premières notes retentissent, essayez de vous concentrer sur la musique. Je crois que vous avez compris la rengaine : respirer, se laisser habiter, commencer à bouger et finalement tout lâcher. Le mot d’ordre, au cas où vous l’auriez oublié, est prendre son temps, rien n’est forcé ici.

Quand vous avez terminé, si vous tenez encore debout, prenez le temps de regarder autour de vous. Observez les autres élèves. Regardez-les et appréciez ce que vous trouvez beau chez eux. Un mouvement gracieux peut-être ou un sens du rythme aiguisé. Demandez-vous ce qu’ils cherchent à exprimer. 

A la fin du cours du cours de danse, prenez même le temps d’aller complimenter une personne, eux aussi ont besoin de se sentir acceptés. Et dîtes-vous que vous rendez leur tâche plus facile. Ils vous rendront la pareille, ne vous inquiétez pas.      

Pour titiller votre curiosité, je vous invite à regarder cette vidéo https://www.arte.tv/fr/videos/078161-021-A/xenius-danser-c-est-la-sante/                                                               

Ce texte nous vient d’une jeune adhérente de l’école qui est présente depuis qu’elle est toute petite

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